Magali Beaumont / Valérie Martin
Le précieux vs le déchet industriel. Deux univers que tout oppose ?
Comme ça au premier coup d’œil, il paraît bien difficile voire impossible de marier les univers de ces deux créatrices.
La première utilise les plumes, les perles, les cristaux de Zarowski tandis que la seconde se sert de bâches industrielles, de sangles, de chambres à air usagées.
Magali, brodeuse d’art, a son atelier éponyme à l’Isle sur la Sorgue. Le beau, le précieux, les matières nobles forment son univers. La haute couture, l’ameublement, les commandes sur-mesure : son quotidien.
Son atelier est un écrin, tout est délicatesse, Chopin envoûte le lieu et l’instant semble suspendu. Nous sommes en 2022, nous pourrions tout autant être en 1810 lorsque le crochet de Lunéville s’imposa au monde de la broderie.
Surcyclum naît de l’esprit bouillonnant de Valérie, artisane d’art. Le constat des impacts de notre sur-consommation sont particulièrement présents à son esprit. Le gâchis de matière sera le fil conducteur de sa pensée créative. Les premiers cabas voient le jour suite à une autre rencontre improbable ; celle avec l’industrielle Anne-Sophie Panséri, PDG de Maviflex fabricants de portes sectionnelles. Nous vous parlerons bien sûr de cet autre rendez-vous déterminant.
Et revenons à nos cabas faits de chutes de bâche industrielle et de chambre à air usagée; qui ont inspirés les sacs à mains, les sacs à dos et les pochettes.
Finalement, comment les univers de Magali et de Valérie ont-ils pu se croiser ?
Outre les apparentes oppositions, trois points communs fondamentaux les lient.
Le premier est que toutes deux sont artisanes d’art .
Interviewées séparément, elles utilisent les mêmes mots pour décrire les qualités essentielles de leur métier : patience, rigueur, minutie.
Le plaisir et la beauté du geste sont également partagés. Ce geste, propre aux artisanes, artisans, répété cent fois, mille fois qui au fil du temps se fait plus précis, plus fluide, plus évident.
Ce sont aussi les mêmes mots qui qualifient leur ressenti autour de la matière : les sons associés au travail de cette dernière, les odeurs, le toucher, la beauté …
L’ouvrage titille leur sens pour mieux venir solliciter les nôtres.
Le second point commun entre Magali et Valérie est leur profonde humanité
Pour elles, les rencontres sont autant de possibilités de s’enrichir mutuellement. Elles accueillent d’ailleurs toutes deux, des stagiaires, ouvrent leurs ateliers à des jeunes curieuses/curieux, de découvrir un métier, une passion, une source d’épanouissement. Le partage comme valeur commune forte. Il était donc évident que la rencontre ait lieu.
Leur générosité, ce don à autrui, a généré la confiance, la transparence et ainsi permis la pensée d’un projet à 4 mains.
Mettre l’humain au cœur, c’est finalement comprendre l’autre, ses contraintes, ses besoins et pouvoir ainsi élaborer, créer ensemble.
Enfin leur troisième point commun est la dimension artistique
Dans leurs esprits, tout est possible, tout peut-être et mérite d’être expérimenté. La créativité peut s’exprimer : les échanges deviennent riches, naturels, pointus.
« Ça s’est fait, je ne me suis pas posée de question. … T’es embarquée, c’est agréable, facile. Ce n’est pas du travail » dit Magali
Le champ des possibles libéré, tout est imaginable et surtout imaginé.
Les bijoux de Magali vont orner les sacs de Valérie.
Les bijoux de sacs© naissent de l’esprit de ces deux artistes.
L’émotion est palpable : Le précieux a bel et bien rencontré le déchet industriel.
Les univers sont réunis.